C’est l’histoire de Raphaël, chef du pôle d’optimisation du trafic et systèmes informatiques
Si tu devais expliquer ton métier simplement ?
Il y a 2 parties dans mon poste : responsable de pôle et chef de projet. En tant que responsable de pôle, je pilote le pôle de maîtrise d’ouvrage du service mobilité trafic et en tant que chef de projet, je pilote les initiatives visant à améliorer le trafic sur les routes nationales de la DIR Ouest et à promouvoir des mobilités plus durables. Concrètement, je cherche et mets en œuvre des solutions pour améliorer les déplacements quotidiens.
Qu’est-ce qui te passionne dans ton travail ? quelles sont les compétences essentielles pour exercer ce métier ?
Ce qui me passionne, c’est de contribuer à l’aménagement du territoire en collaboration avec les collectivités. J’aime mettre en œuvre de nouveaux types d’aménagements, et rechercher des solutions techniques avec les maîtres d’œuvre. Les compétences essentielles pour ce métier, c’est forcément la gestion de projets et le travail en équipe. En tant que chef de pôle, la compétence supplémentaire c’est la capacité à coordonner et répartir efficacement les tâches au sein de son équipe.
Ne pas craindre l’exposition et savoir être force de proposition auprès de la hiérarchie sont essentiels. Mon rôle implique une interaction directe avec les collectivités territoriales, nécessitant des compétences en négociation et en gestion de projets complexes.
Pourrais-tu nous parler d’un projet d’optimisation du trafic que tu as piloté récemment ?
Le projet emblématique dont j’ai envie de parler c’est la mise en œuvre des voies réservées aux transports en commun (VRTC). C’était l’une des premières expérimentations de ce type et les défis étaient multiples, allant des travaux routiers classiques à la nécessité de changer les comportements des usagers et des agents. La collaboration avec les différents partenaires (collectivités, services de secours, conducteurs de bus, etc.) et la communication auprès des usagers ont été cruciales.Il y a eu un gros travail d’échanges et d’informations auprès des conducteurs de bus. Il fallait anticiper les appréhensions des conducteurs afin de lever les freins à l’usage de cette voie réservée aux transports en commun (VRTC). En plus, nous avons dû réajuster notre langage pour rassurer sur la sécurité des usagers et des agents en expliquant que nous aménagions la bande d’arrêt d’urgence, et non une nouvelle voie, pour éviter tout malentendu.
Comment abordes-tu la transition écologique dans tes projets ?
Nos projets visent à influencer les comportements pour réduire l’impact carbone des mobilités quotidiennes. Dans nos projets la transition écologique se manifeste dans deux aspects principaux :
l’optimisation du trafic :L’objectif est de favoriser des comportements plus vertueux en matière de mobilité en réduisant l’empreinte carbone. Nous cherchons constamment des solutions pour améliorer les flux de circulation tout en encourageant l’utilisation de moyens de transport moins polluants, comme les transports en commun.
La prise en compte des enjeux environnementaux : comme nos collègues du service entretien et modernisation du réseau (SEM), nous intégrons systématiquement les enjeux environnementaux dans la conception et la réalisation de nos projets. Par exemple, pour la desserte de l’aéroport de Nantes Atlantique et le réaménagement du périphérique de Nantes, nous devons créer des voies pour les bus. Avant de lancer ces travaux, nous effectuons des études d’impact environnemental rigoureuses pour éviter les zones sensibles, réduire les impacts négatifs et mettre en place des mesures de compensation environnementale.
Ce processus prend plus de temps qu’auparavant en raison de la réglementation plus stricte et de l’ampleur croissante des projets. Cependant, il est essentiel pour garantir que nos initiatives sont durables et respectueuses de l’environnement. Cela représente une part importante du travail de notre pôle, mais c’est une étape cruciale pour réussir la transition écologique dans le domaine de la mobilité.
Comment tu t’y prends pour maintenir des relations efficaces avec les services en interne et avec les parties prenantes externes ?
Je travaille avec des bureaux d’étude internes , c’est le service d’ingénierie routière de la DIR Ouest (SIR) et externes, c’est lorsque l’on va chercher des compétences spécifiques avec des assistances à maitrise d’ouvrage ou des maîtres d’oeuvre privés pour réaliser nos opérations. Mon rôle dans tout ça , c’est de mettre en place des instances pour assurer le partage d’informations. L’élément clé est la communication pour synthétiser les attentes et trouver des compromis. Par exemple, dans les schémas directeurs d’agglomération et de gestion de trafic (SDAGT) de Rennes et Nantes, nous cherchons un équilibre entre les besoins des collectivités pour une transition rapide vers les transports en commun et notre rôle de gestionnaire routier.
Pourquoi as-tu choisi la fonction publique d’Etat et en particulier la DIR Ouest ?
J’ai choisi la fonction publique d’État par hasard, vraiment par un concours de circonstances ! Je me suis inscrit à un concours simplement parce qu’il était gratuit et le premier dans le calendrier. Au fur et à mesure, j’ai commencé à m’intéresser davantage et je me suis dit, pourquoi pas, essayons.
J’ai choisi la DIR Ouest lorsque je suis devenu technicien en chef, c’est-à-dire au plus haut niveau des catégories B. Je cherchais un poste à responsabilité et j’ai découvert que les DIR offrent encore de vraies opportunités pour les techniciens. Pour illustrer, à mon arrivée à la DIR Ouest, j’ai été nommé chef de district adjoint à Nantes, ce qui signifie chef adjoint d’un service de 130 personnes ! Pour un technicien, une telle responsabilité est rare en dehors des DIR.
Cette opportunité m’a permis d’évoluer vers le poste de chef de projet, travaillant sur des projets d’envergure. Habituellement, dans d’autres administrations, ce sont des catégories A qui occupent ces postes. À la DIR, c’est différent : c’est un véritable territoire de possibilités pour les techniciens. J’ai pu accéder à des missions intéressantes et valorisantes que je n’aurais pas pu obtenir ailleurs.
Si je devais conseiller un jour la DIR, je dirais que c’est encore l’endroit où un technicien peut accomplir des choses passionnantes et significatives, tout en ayant un véritable impact.
Tu as toujours voulu être dans le domaine de la route ?
Pas du tout ! À la base, j’avais un Bac puis j’ai tenté la fac, mais j’ai rapidement compris que ce n’était pas pour moi. J’ai alors passé des concours et intégré le ministère de l’Équipement avec seulement mon Bac. En sortant de l’école, j’avais l’équivalent d’un BAC+2. Mes deux premiers postes étaient dans le secteur du bâtiment, plus précisément dans les bases aériennes. J’ai continué à passer des concours en interne, jusqu’à devenir technicien en chef. C’est alors que j’ai eu la chance d’obtenir un poste à Orléans, où j’ai piloté des opérations dans le cadre d’un programme majeur des armées : l’arrivée du nouvel avion de transport. En tant que maître d’œuvre, j’ai supervisé le réaménagement complet d’une base aérienne, ce qui m’a permis d’obtenir mon premier concours. Cherchant à continuer sur cette dynamique ascendante, j’ai postulé au district de Nantes. Après cinq ans, j’ai souhaité changer et on m’a alors proposé de prendre en charge les études du Schéma Directeur d’Agglomération et de Gestion du Trafic (SDAGT) de Nantes. Lorsque l’ancienne cheffe de pôle est partie, on m’a proposé de prendre son poste.
J’ai eu beaucoup de chance dans mon parcours, mais j’ai aussi rencontré un directeur à la DIR Ouest qui a cru en moi et m’a donné ma chance en me proposant le poste de chef de pôle. Ailleurs, sans être de catégorie A, une telle opportunité ne m’aurait probablement jamais été offerte.
Quels conseils donnerais-tu aux personnes intéressées par ce métier ?
Soyez curieux ou curieuse, intéressez-vous à un large éventail de compétences, ayez le sens du dialogue et l’envie d’agir sur les mobilités. Et surtout si vous êtes une femme ne vous bridez pas, le genre n’est pas un critère. Au SMT, j’ai travaillé avec des femmes très compétentes. Ce qui compte, c’est vraiment la compétence !